Pendant la période qui nous intéresse, la référence de classification des pièces de marine était le poids du projectile tiré. Ainsi, une pièce de 32 livres tirait un boulet de fonte qui pesait à peu près 32 livres. Les types de canons utilisés variaient des petits canons de 3 livres aux canons massifs de 42 livres, les plus modernes pesant 3 tonnes, et les plus anciens 500 livres.
1 : bouton de culasse 2 : lumière 3 : canal de la lumière 4 : renfort de culasse 5 : tourillons 6, 7 : renforts de la volée 8 : bouche 9, 10, 11 : moulures des premier et deuxième renforts, et renfort de volée 12 : essieux des roues 13 : roues 14 : clavettes 15 : sole |
16 : flasques 17 : entretoise 18 : susbandes 19 : tire-fonds 20 : anneaux pour crocher les palans 21 : trou pour le passage de la brague 22 : anneau de passage de la brague du canon (système anglais) 23 : berceau de pointage 24 : coins de hausse 25 : support du tourillon 26 : clavette de susbande reliée au flasque par une chaînette |
A cette époque, les pays avaient des standards de calibre différents. Ainsi un boulet de "24 livres" en pesait 25.91 dans le service français, 26.16 en Hollande, 22.48 en Suède, 21.66 en Russie, etc... Le type et la qualité de la poudre, ainsi que la qualité globale des canons eux-mêmes, rendaient difficile de les généraliser.
Les vaisseaux de Premier Rang étaient généralement équipés de canons de 32 (ou 36) livres sur le pont inférieur, de 24 livres sur le pont du milieu, de 12 livres sur le pont supérieur, et de 12 livres également sur le gaillard d'avant et la dunette, totalisant 100 pièces ou plus. A mesure que la taille des navires se réduisait, la taille et le nombre des canons diminuaient en conséquence ; ainsi, un sloop de guerre ne pouvait être armé que de pièces de 6 livres, et seulement sur le pont supérieur. Les pièces de 42 livres étaient supprimées progressivement en faveur des canons de 32 et 36 livres, qui s'étaient révélés tout aussi efficaces que ceux du rang supérieur. En outre, leur poids moins important autorisait la construction de plus grands navires.
Un gros canon (par ex., un 32 livres) nécessitait une équipe de quinze hommes, de ceux qui amenaient les munitions du magasin à ceux qui verrouillaient le tir. Pour charger le canon, il fallait commencer par éponger les braises du dernier tir. Ensuite, un sac cartouche de poudre à canon (= la gargousse) était placé dans la gueule, suivi du type de munitions que l'on voulait tirer. On utilisait un refouloir pour les guider jusqu'à la culasse du canon, et de la bourre pour les maintenir en place. Le canonnier nettoyait l'orifice d'amorce, perçait le sac cartouche avec un fer d'amorçage à travers l'orifice, puis insérait une penne de plume d'oie remplie de poudre à canon très fine. Ensuite, le canon était roulé vers l'avant en position de tir et relevé, pour que ses projectiles traversent la distance désirée. Le canonnier devait attendre que la coque du navire amène son canon à portée de la cible, et ensuite, attendait que le navire roule pour que le canon puisse viser sa cible. Enfin, il faisait feu en allumant la penne, utilisant un outil à pierre ou une allumette jalousement préservée.
Caronade |
En 1774, un canon de petite taille mais gros calibre était développé et produit dans la fonderie Carron, en Angleterre. Ces canons, bientôt connus sous le nom de caronades, changèrent les tactiques d'artillerie navale. Une caronade n'avait pas la moitié du poids et de la longueur d'un canon normal, et tirait des boulets de la même taille, ce qui permettait aux navires de porter plus de canons sans addition de poids. Leur faible vélocité sacrifiait la possibilité d'engager des cibles à longue portée, mais en contrepartie, procurait une puissance de feu plus destructrice à courte portée. Un canon standard avait une portée effective de 800 à 1200 m, alors qu'une caronade avait une portée effective de 200 à 500 m. Pour illustrer ce gain en puissance de feu, un navire de petite taille échangeant ses canons de 6 livres contre des caronades de 12 livres triplait le poids de projectiles qu'il pouvait tirer.
Portées différentes des caronades et des canons |
Si une caronade remplaçait un canon déjà en place, elle était comprise dans le nombre de canons pour lequel le navire était classé. Si la caronade était ajoutée au bateau comme canon supplémentaire, elle ne comptait pas comme l'un des canons qui définissaient le Rang du navire. En d'autres termes, un vaisseau classé en tant que 74 pouvait très bien porter 90-100 canons ou plus grâce aux caronades ainsi rajoutées.
Consultez également la page qui traite des caronades ainsi que celle des munitions.
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